L’œuvre «Qui êtes-vous au-delà de l’horizon?», réalisée en 2023 par l’artiste Hanna Kokolo, a été installée à l’occasion de l’exposition « Mensonges Blancs » à la crypte d’Orsay. Elle est composée de 2 peintures murales et de 2 mallettes. Les 2 peintures donnent l’impression d’être le reflet l’une de l’autre. Elles représentent, à première vue une tâche noire sur un fond blanc. Or, si on les regarde avec un peu plus d’attention (et avec un peu d’aide aussi), on voit la mer Méditerranée qui a été pivotée sur le côté. En effe, au premier abord, on ne peut pas la voir : le fait que la mer soit peinte en blanc sur un fond noir et qu'elle soit basculée fait ressortir une forme inhabituelle. De plus, nous n’avons pas l’habitude de voir la mer représentée de façon concrète, car normalement c’est grâce aux continents qui l’entourent qu’on peut la voir.
Si on joignait ces 2 peintures de sorte qu’elles soient symétriques, on pourrait apercevoir un bassin humain (avec beaucoup d’imagination). Ce bassin a une signification très particulière puisqu’il symbolise d’une certaine manière une «2ème naissance» que l’on subirait lorsqu’on sort du cocon qui nous entoure quand on se laisse porter par les œuvres dans la crypte.
A proximité de ces 2 tableaux se trouvent 2 mallettes, chacune ouverte et qui laissent voir un jeu de bataille navale. En effet, il y a des bateaux (qui diffèrent sur les deux plateaux) symbolisant les pions. En effet, d’un côté nous avons de luxueux bateaux de loisirs, des paquebots, et de l’autre, il y a de petites embarcations, des barques de migrants. Un miroir renvoie l’image de la mer Méditerranée, qui devient un terrain de jeu sanguinolent/ensanglanté. D’une part, les bateaux des migrants qui symbolisent l’envie périlleuse de passer la frontière en quête d’une nouvelle vie. De l’autre, les bateaux luxueux qui symbolisent l’envie d’un moment d’évasion pour les vacanciers à la quête de loisirs. La Mer Méditerranée, dans ce contexte, peut être considérée comme un lieu de contraste, un espace où coexistent deux réalités distinctes et parfois opposées.
Fatima
L’œuvre d’Hanna Kokolo exposée à la crypte d’Orsay est composée de deux structures parallèles. Chacune des deux parties contient un plateau de bataille navale avec un miroir incrusté sur le haut du plateau. Chaque plateau a des bateaux différents : sur l’un sont posés des paquebots européens et sur l’autre sont posés des bateaux de fortune de migrants. L’auteur cherche à opposer deux mondes différents, mais dans la même partie de bataille navale. De plus, en fond, on voit une carte inversée : la mer Méditerranée est représentée en blanc à la verticale et nous pouvons déceler l’Europe et l’Afrique dans les contours noirs de cette tache. Dans son cheminement artistique, Hanna Kokolo cherche à mettre en valeur des contrastes noir / blanc. Et dans une symétrie parfaite, elle montre les différences socio-économiques d’un plateau à l’autre.
En effet, l’œuvre évoque l’inégalité des chances entre deux continents seulement séparés par une mer. Elle oppose deux visions de part et d’autre de cette fameuse frontière naturelle qui abrite des milliers de cadavres d’immigrés mais aussi des échanges commerciaux. Placer ce message sérieux sur un jeu interpelle. Cela renvoie à notre détachement face à la vie et la mort d’autrui. Dans notre monde superficiel, les morts ne deviennent que des chiffres et des statistiques qu’on peut facilement ignorer. On déshumanise alors complètement les existences qui ont pu être perdues.
Enfin, selon moi l’œuvre résonne parfaitement avec le titre de l’exposition « Mensonge Blanc ». Elle exprime l’hypocrisie des Européens qui ignorent l’humanité des migrants, voire les diabolisent en manipulant les chiffres, mais qui, en même temps, nourrissent leur économie de cette immigration et appauvrissent les populations forcées à l’immigration. Pour cette œuvre, je pense qu’il faut prendre au pied de la lettre les mots “Mensonge Blanc”.
Raina
Une des autres œuvres exposée dans l’exposition “Mensonges Blancs” est une structure en acier réalisée par A.I.L.O, acronyme pour Atelier d'Immersion Lumineuse et Obscure (un atelier fondé par Anna Eva Berge). Il s’agit d’une structure hexagonale d’environ 1 mètre divisée en 6 parties égales, avec des miroirs sur les parois intérieures et des leds de couleur blanche. Des lumières s'échappent de la structure projetant sur les murs des rayons lumineux alors que l’œuvre est sombre extérieurement.
Lorsque nous nous mettons en face de l'œuvre, on ne peut pas voir notre reflet. Cependant, la personne en face le peut, elle nous voit nous multiplier et nous l’inverse. Cette expérience physique trompe nos sens et fait ressentir une certaine angoisse : on a l’impression d’être observé par différentes versions de quelqu’un, d’être scruté à notre insu et de pouvoir faire de même.
Finalement, j'interprète cette œuvre comme réflexion sur les réseaux sociaux et l’insécurité liée de nos jours aux images. Notre image n’est plus privée et peut être utilisée de maintes façons, multipliée. Nous sommes scrutés par des inconnus. L’artiste illustre avec sa structure un monde où seuls les autres nous voient.
Raina
Cette œuvre, "Traversée", est celle de l’artiste Anna-Eva Berge, qui crée sous l’entité artistique A.I.L.O. C’est une suite de cinq hexagones, reliés entre eux par des bandes de lumières. Ce n’est pas pour rien que cette belle œuvre possède un nom si original ! L’artiste a réussi à combiner parfaitement l’ombre et la lumière, pour nous offrir un monde captivant quand on se plonge dedans. En effet, les parois de chaque hexagone étant recouvertes par un miroir, quand on avance dans cette structure interactive, notre reflet se retrouve multiplié à l’infini, ce qui nous fait basculer dans une autre dimension. Elle donne l’illusion de passer d’un autre côté et de retrouver la réalité une fois sortie de l’autre extrémité.
J’ai trouvé cette œuvre particulièrement intéressante car, pour une fois, c’est une œuvre d'art que nous pouvons toucher et elle correspond très bien au titre de l’exposition puisqu’elle “ment” au spectateur en le plongeant dans une infinité de lui-même alors que c’est uniquement dû à la réflexion des miroirs
Chloé
Hans Op de Beeck, Staging Silence 3 , vidéo noir et blanc, son stéréo
Avec l’option Histoire des Arts, nous avons pu découvrir l’exposition « Mensonges Blancs » à la Crypte d’Orsay. La vidéo de Hans Op de Beeck y était diffusée. En passant devant, la vidéo n’attire pas forcément l’attention, aucune couleur, aucun personnage et des mouvements très lents. Et pourtant, cette vidéo est terriblement envoûtante, il suffit de s’y attarder quelques minutes pour avoir envie de la regarder en entier.
Le principe ? Deux mains transformant sans cesse un monde miniature en une multitude de tableaux différents à partir d’objets du quotidien récupérés. Ce qui est frappant, c’est d’une part la fluidité entre les tableaux : à peine a-t-on reconnu un aéroport qu’il se transforme en un musée. Et d’autre part, c’est l’utilisation détournée des objets, comme le papier aluminium qui se transforme en montagne ou une gaufre liégeoise qui devient une œuvre d’art.
Les nuances de gris et le son mettent en valeur l’action des mains ; notre attention est uniquement portée sur la construction des paysages. Cette vidéo est également très relaxante : on reste immobile, on ne pense plus à rien, on admire simplement. La vidéo dure 45 minutes et pourtant, je vous assure que si vous prenez le temps de la regarder, vous ne verrez pas le temps passer.
Antoine
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