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Comprendre les jardins de mémoire

  • Sophie Guillin
  • il y a 12 minutes
  • 5 min de lecture

Les jardins de mémoire  proposent une expérience sensorielle, symbolique et spirituelle. Une démarche mémorielle engageant le corps et l’esprit.

Ils invitent à marcher, à observer, à ressentir, mais aussi à s’interroger et  à méditer.    

 

 

Le Jardin de l’exil du Musée Juif de Berlin, en Allemagne.

                                                                                 

Créé par l’architecte Daniel Libeskind en 2001, ce jardin termine l’axe de l’exil qui traverse  le Musée Juif. Il abrite 49  colonnes de béton sur un terrain en pente. Il peut sembler très minéral, mais en haut des colonnes, on voit des arbres, des oliviers qui évoquent la paix. Ces 49 colonnes ont une signification précise reliant Berlin et Israël.  En effet, dans 48 d’entre elles, on  trouve de la terre berlinoise : cela évoque la fondation d’Israël en 1948. La  colonne centrale,  la 49ème, est remplie de terre d’Israël pour représenter la continuité et la présence des Juifs en Allemagne. Les colonnes  de béton sont rapprochées  et penchent, le sol est lui aussi penché et inégal,  et on a  en marchant un sentiment de malaise.  On se sent  déséquilibré, désorienté, piégé dans un monde hostile et triste. Les arbres de l’espoir et de la paix semblent inaccessibles. Le visiteur a des sensations physiques d’instabilité et d’enfermement qui l’aident à prendre conscience de la difficulté de l’exil des Juifs, mais aussi de tout exil en général.

 

Les Jardins de la paix de Craonne, dans les Hauts de France.

 

           En 2018, à l’occasion du 100ème anniversaire de l’armistice de 1918,  des « jardins de la paix» sont réalisés par différents paysagistes  étrangers le long de la ligne de front,  et notamment sur les ruines du village de Craonne. Cette zone du Chemin des Dames a en effet été le lieu de batailles meurtrières lors de la Première Guerre Mondiale. Des soldats de plusieurs nationalités y ont perdu la vie.  A Craonne, des arbres sont maintenant plantés sur le sol ravagé par les obus, et trois jardins sont  accessibles : un jardin marocain,  un jardin italien, et un jardin allemand. Ils offrent  à tous de nouveaux espaces de recueillement et de promenade, paisibles et sereins.




     Le jardin marocain, aussi appelé Jardin des Hespérides, a été conçu par les paysagistes Karim El Achak,  d’origine marocaine,  et Bernard Depoorter, d’origine belge. Cet ensemble géométrique associe à la végétation de la terre ocre qui rappelle le désert. Le carré   de mosaïques colorées  est typique des architectures marocaines.  Au centre, un  petit bassin d’eau de pluie symbolise une source de vie, comme la fontaine centrale des jardins arabes. Conçu comme un hommage aux soldats marocains tombés lors de la Première Guerre mondiale, ce jardin offre une atmosphère paisible et esthétique, invitant à la contemplation, au repos et à la mémoire.


Le jardin italien,  « 592 », a été créé par Lorenza Bartolazzi, Luca Catalano et Claudia Clementi. Il se nomme ainsi en l’honneur des 592 soldats italiens morts au combat. Il comporte 592 piquets blancs et rouges qui font penser à des allumettes. Cela peut représenter la flamme de la mémoire ou bien  les tombes symboliques des soldats. C’est un jardin coloré, avec  nombreuses fleurs aux couleurs du drapeau italien : des tulipes rouges  qui peuvent représenter le sang versé pendant la guerre,  des coquelicots emblématiques des lieux de mémoires... La zone est fleurie du printemps à l’automne.  Certains trous d’obus retiennent l’eau de pluie et créent comme des bassins de larmes.

 

       Le paysagiste Thilo Folkerts a,  quant à lui, réalisé  le jardin allemand, qui commémore les victimes allemandes, et  qu’il a appelé  « Cultiver la mémoire ». Il a fait trois parterres de fleurs entourés par un anneau de métal soulignant la circonférence des trous d’obus. Dans ce jardin, l’artiste invite le passant à cultiver la mémoire en plantant des bulbes de fleurs symbolisant la vie. Ainsi, en rendant actif le visiteur,  il rappelle à chaque citoyen qu’il est de son devoir de perpétuer la mémoire. La mémoire est en effet à la fois individuelle et collective.

 

 

Le jardin de mémoire  de Nyanza,  près de  Kigali, au Rwanda

 

      Ce jardin de mémoire  est situé près du mémorial du génocide des Tutsi, sur un site marqué par les massacres : dans les collines des alentours ont notamment été retrouvés 34 000 corps.

 

       Le jardin est conçu en 2019 par l’artiste anglais d’origine sud-africaine Bruce Clarke, en collaboration avec des associations rwandaises. Il rend hommage aux victimes du génocide et perpétue leur mémoire, mais il incarne aussi une forme de renaissance. Il est partagé en trois zones : une zone sèche, une zone marécageuse et une zone arborée. Les chemins  pour les parcourir offrent des endroits pour s’asseoir et méditer. 

 

                  


  

Le jardin sec, est constitué de gravier blanc et d’un million de pierres qui, agencées de façon plus ou moins régulière, représentent  tous les morts du génocide. Ces pierres ont été déposées par les visiteurs et les proches des victimes. Au centre, on trouve un massif de cactus. Ces  plantes qui peuvent vivre dans des conditions très difficiles évoquent les survivants et symbolisent la résilience.

                                                    

      On accède ensuite à la zone marécageuse. C’est en effet dans les  marais que les Tutsi fuyaient pour se cacher. Cependant, ces marais étaient aussi des zones de massacres car les victimes s’y retrouvaient  souvent piégées. Non loin, une fosse ouverte évoque les fosses communes où étaient entassés les corps.

      Sur tout le site, des collines verdoyantes évoquent la géographie du Rwanda, appelé «le pays aux mille collines». Un jardin de sorgho  met  aussi en valeur cette  plante très fréquemment  cultivée et consommée au Rwanda. De nombreuses victimes ont d’ailleurs été tuées dans les champs de sorgho. Sur l’une de ces collines figure également la flamme du souvenir, un élément symbolique de ce jardin de mémoire. Cette colline principale mène dans la zone arborée. On y trouve une forêt de la mémoire, constituée de trois espèces d’arbre différentes : le ficus qui symbolise la famille, les acacias pour la résistance et enfin les erythrinas qui évoquent la protection et la beauté. Le jardin est ainsi également une mémoire de la culture rwandaise.

    Par ailleurs, dispersées dans le jardin,  des sculptures d’hommes et de femmes debout symbolisent la dignité des êtres humains qui ont été confrontés à la déshumanisation et au génocide. Pour finir,  un amphithéâtre rappelle que ce jardin est un lieu de mémoire collective et de commémoration.

 

 

 

Page réalisée par les élèves de 2nde option histoire des arts  du lycée Blaise Pascal et  un élève de 1ère spécialité hda :  Charline, Hajar, André, Giulia, Laura, Anouk, Adèle, Alice, Maëlys, Maëna, Lucie, Alice, Margot, Léo, Mariam, Meriem, Lou, Lila, Laura, Yann, Elora, Léane, Sydney, Clélia, Chloé, Nermine, Ewen, Luka,  et Antoine.              

 

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